Sommaire

    L’adoption du règlement FIDA : une révolution nécessaire

    Alors que l'Europe se redéfinit à la suite des élections, le Parlement européen a récemment franchi une étape importante en adoptant une version préliminaire du règlement FIDA (Financial Data Access). Ce projet vise à permettre l'accès aux données financières et assurantielles, jetant ainsi les bases de l'open assurance en Europe. Un sujet qui a d’ailleurs fait l’objet d’une tribune de Jeremy Sebag sur l’Opinion.

    Le FIDA en détails

    Créé en 2019, le Forum International de l'Assurance Digitale (FIDA) s'était fixé comme objectif principal de créer un cadre propice à l'innovation dans l'assurance. L'accent est donc mis sur l'intégration des technologies de pointe, telles que l'intelligence artificielle, le big data, et la blockchain, pour améliorer les services et produits d'assurance. Les membres du FIDA comprennent des acteurs variés :

    • compagnies d'assurance traditionnelles ;
    • startups et insurtechs ;
    • experts en technologie ;
    • et représentants des autorités réglementaires.

    Le FIDA organise des conférences, ateliers et sessions de réseautage, facilitant ainsi les échanges de connaissances et d'idées entre les participants. Les thèmes abordés vont de l'analyse des risques et de la modélisation prédictive à la cybersécurité et à la protection des données. Cette collaboration active vise à anticiper les défis futurs et à créer des solutions innovantes pour un marché de l'assurance en constante évolution.

    Le FIDA est rapidement devenu une pierre angulaire de l'innovation dans le secteur de l'assurance. Conçu pour favoriser la collaboration et l'innovation technologique entre les compagnies d'assurance traditionnelles, les startups fintech et les régulateurs, le FIDA se distingue par une particularité notable : l'exclusion délibérée des grandes plateformes numériques comme Google, Amazon, Facebook et Apple.

    L'open banking : la première brique il y a 10 ans

    Il y a une décennie, l'open banking faisait ses débuts et posait les fondations pour la révolution numérique dans le secteur financier. Il permet aux clients de partager leurs données financières en toute sécurité avec des tiers via des API (des programmes permettant à des systèmes informatiques d’échanger des données automatiquement). Cette ouverture des données a catalysé une vague d'innovation sans précédent dans les services financiers.

    Les objectifs principaux de l'open banking étaient de :

    1. Encourager la concurrence : en permettant aux clients de partager leurs données financières avec différents prestataires de services, l'open banking a ouvert le marché à de nouvelles entreprises fintech, augmentant la concurrence et stimulant l'innovation dans les produits et services financiers.
    2. Améliorer les services financiers : les API ouvertes ont permis aux développeurs de créer de nouvelles applications et services utilisant les données financières des clients pour offrir des expériences personnalisées. Par exemple, des outils de gestion financière personnelle, des services de paiement innovants, et des plateformes de prêt entre particuliers.
    3. Accroître la transparence : l'open banking a rendu les coûts et les services financiers plus transparents pour les consommateurs, facilitant la comparaison entre différentes offres et permettant aux clients de prendre des décisions financières plus éclairées.
    4. Renforcer la sécurité : en normalisant les méthodes de partage de données, cette règlementation a également amélioré la sécurité des transactions financières. Les API sécurisées ont réduit la nécessité pour les consommateurs de partager leurs informations bancaires sensibles directement avec les services tiers, diminuant ainsi les risques de fraude.
    5. Faciliter l'innovation réglementaire : cette directive a été un catalyseur pour des régulations proactives. Des régulateurs dans plusieurs pays ont adopté des cadres pour encourager cette ouverture, comme la directive DSP2 en Europe, qui a obligé les banques à fournir des API sécurisées pour le partage des données financières.

    Une nouvelle ère pour le secteur financier

    Dix ans après la transformation du secteur bancaire avec la DSP2, l'Europe s'apprête à étendre cette ouverture à l'ensemble du secteur financier, y compris les assurances. Cette initiative vise à rétablir la confiance des consommateurs en l'industrie de l'assurance, souvent critiquée pour son manque de clarté et de réactivité, tout en promouvant une concurrence plus équitable entre les différents acteurs du marché. Il permettra aux consommateurs de partager leurs données avec des tiers, comme les fintechs, afin d'accéder à des produits et services financiers innovants et personnalisés.

    Ce partage de données ne sera autorisé qu'avec le consentement explicite de l'assuré, garantissant ainsi la sécurité et la confidentialité des informations. Le règlement FIDA met en avant l'importance du respect des droits des assurés, en plaçant leur consentement au cœur du processus de partage des données. Cette exigence de consentement explicite signifie que les assureurs doivent obtenir une autorisation claire et informée de la part des clients avant de partager leurs données avec des tiers.

    Pour garantir cette approbation, les assureurs devront mettre en place des mécanismes solides pour informer les clients de manière transparente sur l'utilisation et la destination de leurs données. Cette évolution implique de fournir des explications détaillées et compréhensibles concernant les types de données collectées, les raisons de leur partage, et les parties avec lesquelles elles seront partagées. Les assurés doivent être pleinement conscients des implications de leur consentement et avoir la possibilité de le retirer à tout moment sans subir de préjudice.

    Une exclusion stratégique des géants du numérique

    Comme évoqué précédemment, l'une des décisions les plus controversées du FIDA a été l'exclusion des grandes plateformes numériques. Cette exclusion n'est pas sans raison. Les GAFAM (acronyme pour parler de Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), avec leur immense capital et leur accès à une quantité phénoménale de données, possèdent un potentiel disruptif énorme qui pourrait bouleverser l'équilibre du marché de l'assurance.

    Les GAFAM ont déjà manifesté leur intérêt pour le secteur de l'assurance, notamment à travers des initiatives de santé connectée, de services financiers intégrés, et d'analyse prédictive. Leur inclusion dans le FIDA pourrait entraîner une domination rapide du marché, laissant peu de place aux compagnies d'assurance traditionnelles et aux startups. En excluant ces géants, le FIDA cherche à préserver un espace de collaboration où l'innovation peut prospérer sans la pression écrasante des grandes plateformes technologiques.

    D'un côté, cette décision est saluée par les membres du secteur de l'assurance qui voient en elle une opportunité de croissance équitable et de développement technologique indépendant. D'un autre côté, certains critiques estiment que l'exclusion des GAFAM pourrait limiter l'accès aux avancées technologiques et aux capacités d'innovation que ces entreprises peuvent apporter. Toutefois, ces préoccupations ne tiennent pas face à une analyse approfondie et objective du projet. L'objectif du FIDA est de redonner du pouvoir aux assurés en encadrant le transfert de leurs données, tout en assurant transparence et sécurité.

    Malgré ces critiques, le FIDA continue de jouer un rôle crucial dans l'évolution du secteur de l'assurance. Les initiatives et les projets développés sous son égide montrent déjà des résultats prometteurs. Par exemple, l'adoption de la blockchain pour la gestion des polices d'assurance et des réclamations a amélioré la transparence et l'efficacité des processus. De plus, l'utilisation de l'intelligence artificielle pour l'analyse des risques permet aux assureurs de mieux comprendre et anticiper les besoins des clients, offrant ainsi des produits plus personnalisés et adaptés.

    La transformation nécessaire des assureurs

    Les assureurs, souvent considérés comme les gardiens des données financières et personnelles de leurs clients, sont confrontés à une transformation majeure. Cette transformation découle de la nécessité de se préparer à partager ces informations de manière plus ouverte et transparente. Elle agit en réponse à des exigences réglementaires croissantes et à une demande accrue de la part des consommateurs pour une plus grande accessibilité et interopérabilité des données. Pour répondre à ces nouveaux défis, les assureurs doivent investir massivement dans les technologies de l'information ouvertes et adopter une approche de plateformisation de leurs systèmes d'information.

    La mise en œuvre du FIDA bien que prévue pour 2026 ou 2027, incarne cette évolution vers une plus grande transparence et partage des données. Ce cadre réglementaire oblige les assureurs à adapter leurs infrastructures et à intégrer des systèmes capables de gérer et de partager les données de manière sécurisée et efficace. Ce délai de plusieurs années, bien qu'il puisse sembler long, est en réalité une période cruciale pour les acteurs du marché. Il leur permet de développer, tester et mettre en place les infrastructures nécessaires, tout en minimisant les risques associés à une transition rapide.

    Les avantages pour les consommateurs

    Le FIDA favorisera la collaboration entre tous les acteurs de la chaîne de valeur en assurance, permettant une ouverture réciproque des offres et des données à des services tiers. Les consommateurs pourront :

    • changer plus facilement d'assureur ;
    • et regrouper leurs contrats pour ainsi bénéficier de services à haute valeur ajoutée, tout en réduisant leurs coûts.

    La sécurité et l'intégrité des données partagées seront assurées par des exigences strictes en matière de RGPD, certaines données sensibles étant exclues du champ du règlement.

    Répondre aux défis du marché global

    L'adoption du FIDA place l'Europe en position de leader mondial en matière de régulation financière innovante. En se dotant d'un cadre législatif moderne et en promouvant la transparence, l'Europe pourra attirer davantage d'investissements internationaux et renforcer la confiance des consommateurs dans le marché de l'assurance.

    La transparence offerte par le FIDA incite les investisseurs à considérer l'Europe comme un environnement sûr et prévisible. Les entreprises d'assurance européennes bénéficient ainsi d'un avantage compétitif significatif. Cette nouvelle régulation incite également les autres régions du monde à adopter des mesures similaires, créant un effet domino positif pour l'industrie mondiale de l'assurance.

    Une opportunité pour se réinventer

    Pour le marché de l'assurance, refuser cette évolution serait une erreur. C'est par la mise en place de technologies ouvertes et la libéralisation des flux d'information que le secteur pourra se réinventer. Le règlement FIDA représente donc une opportunité majeure pour le marché de l'assurance.

    En adoptant une approche proactive, les assureurs peuvent non seulement répondre aux attentes des consommateurs, mais aussi transformer fondamentalement leur mode de fonctionnement. L'open assurance est une révolution inévitable et bénéfique pour tous les acteurs du secteur.

    Chez SPVIE Assurances, nous avons déjà commencé à préparer ce nouveau paradigme avec notre initiative de marketplace b2b BIG BROKER, visant à faciliter la distribution des produits d'assurance de demain, pour les porteurs de risque comme pour les courtiers de proximité.

    Jeremy SEBAG

    Vous aimerez aussi...

    Résilier son assurance, c’est facile !

    author image

    SPVIE

    7 mai 2021

    Santé

    5 min

    Index égalité Femme/Homme

    author image

    SPVIE

    7 mars 2023

    Epargne retraite

    3 min